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Proposition d'un indicateur d'obsolescence pour les sites de contenus

Rédigé le 12/09/2024 par Youen Chéné

SENSIBILISATIONTECHNIQUE

Objectif de cet article

Cet article a pour but de proposer un indicateur pour détecter si un site web de contenus provoque de l’obsolescence matérielle due à l’usage de technologies trop récentes sur un site web.

Cet indicateur est pour le moment nommé WCOI pour Web Content Obsolescence Indicator.

C’est une proposition qui va subir plusieurs itérations internes ou externes à Webvert.

Cette proposition d’indicateur est sous la licence CC-BY-SA. (Vous pouvez remixer, améliorer, utiliser commercialement…​ dans tous les cas, l’article et les auteurs doivent être cités.)

De quel type d’obsolescence parle-t-on ?

Le type d’obsolescence ciblé est l’obsolescence matérielle provoquée par du logiciel.

Dans 99,9% des cas, il ne s’agit pas d’obsolescence programmée, mais d’obsolescence structurelle d’un secteur qui a connu une amélioration exponentielle des performances de ses systèmes (la loi de Moore) et donc un renouvellement important et récurrent du matériel.

Maintenant que le numérique est très grand public, ce renouvellement provoque les deux tiers des impacts du numérique sur l’environnement (en gaz à effet de serre, en minerais, en privation et pollution de l’eau, en ressources abiotiques).

Quel est l’objectif du WCOI ?

Cet indicateur dédié aux sites web de contenus a été créé pour permettre à des équipes d’arbitrer :

  • d’un côté entre une optimisation forte du contenu (influence sur la performance énergétique et en partie sur la minimisation du renouvellement des terminaux via la lenteur ressentie par les utilisateurs),

  • de l’autre côté sur la compatibilité avec un maximum de terminaux (influence sur la fabrication via la minimisation du renouvellement des terminaux).

En effet, dans des pays comme la France, la Suisse, la Suède, la Norvège, le mix énergétique est très bas (20g à 70g par kWh), l’impact de la fabrication est la partie la plus influente si on souhaite minimiser l’impact environnemental d’un service numérique.

Dans des pays comme l’Allemagne, le continent américain ou l’Asie, le mix énergétique est plus élevé (300 à 900g par kWh), on va évoquer uniquement l’impact de la partie énergie et data center.

L’objectif est donc d’ajouter un second indicateur pour donner l’information aux créateurs de sites web et aux gestionnaires de contenus pour qu’ils puissent faire les bons arbitrages entre optimisation et rétrocompatibilité.

Ce second indicateur est complémentaire aux indicateurs d’efficience énergétique comme le Sustainable Web Design Model, One Byte Model, Ecoindex…​ voir notre état de l’art de l’évaluation environnementale des site web de contenus.

Spécification du WCOI

Web Content Obsolescence Indicator est un indicateur qui va de 0% à 100%. 100% signifie une rétrocompatibilité sur un maximum de terminaux. En fonction des vitesses de renouvellement, globalement les terminaux de plus de 12 ans.

L’équation est la suivante :

WCOI = 1.0 - ((4.31*totalWebp+7,36*totalAvif+10*totalJxl) / 21.67 ) / totalImages

totalImages est l’ensemble des images référencées dans le groupe de pages analysées.

totalWebp est l’ensemble des images de format WebP référencées et sans présence d’un fallback dans un format historique (jpg, png, gif, svg).

totalAvif est l’équivalent avec le format AVIF.

totalJxl est l’équivalent avec le format Jpeg XL.

Pour rappel, un fallback se code de la manière suivante en HTML :

<picture>
    <source srcset="/offre/img/screen_portfolio_fr.webp" type="image/webp" />
    <img src="/offre/img/screen_portfolio_fr.png" alt="Copie d'écran de liste des sites" width="200" height="411" />
</picture>

Quand un fallback est implémenté en couplant un nouveau format avec un format historique, alors l’image n’est pas comptée dans les totalWebp, totalAvif ou totalJxl.

Explication des moyennes pondérées

Les différents totaux par format moderne sont pondérés via leur niveau de rétrocompatibilité.

La donnée source utilisée est la suivante :

Format Can I Use - Taux d’incompatibilité iOS - Taux d’incompatibilité Android - Taux d’incompatibilité

WebP - 2020 (Safari).

4,31%

3,44%

0,30%

AVIF - Janvier 2024 (MS Edge)

7,36%

11,64%

(non fiable) 51,40%

JPEG XL - Future Date - (safari uniquement compatible)

86,77%

24,99%

100%

L’information complémentaire sur la première colonne est le dernier événement où l’ensemble des navigateurs ont déclaré leur compatibilité dans leur dernière version.

Le biais que l’on peut facilement avoir est qu’un petit pourcentage peut représenter un énorme volume de terminaux en 2024. Par exemple, 0,5% du parc Android représente 30 millions de terminaux (Chiffre 2023) et 0,1% des iPhones représente 2,5 millions de terminaux (chiffre 2023). Voir l’article sur les WebP pour plus de détails.

Pour compenser ce biais, les moyennes pondérées ont été créées sur les 10 derniers % de compatibilités. Côté données, les pourcentages du site CanIUse ont été utilisés.

Format Can I Use - Taux d’incompatibilité On cape à 10% On détermine la moyenne pondérée sur les 10 derniers % d’incompatibilité

WebP

4,31%

4,31%

4,31

AVIF

7,36%

7,36%

7,36

JPEG XL

86,77%

10%

10

Total

21,67

Cette hypothèse forte sur les 10 derniers % de compatibilités est une base de discussion.

Les pondérations seront aussi à faire évoluer au fur et à mesure des années en fonction de l’évolution naturelle du marché.

Feuille de route

  • v0.1 (Courant) - Inclusion des images non affichées dans une partie des terminaux

  • v0.2 - Inclusion des vidéos non affichées dans une partie des terminaux

Si vous souhaitez discuter ou contribuer sur cet indicateur, n’hésitez pas à nous contacter sur contact+wcoi (at) lewebvert.fr .

Bonus : comment est née l’idée de cet indicateur ?

L’idée du Web Content Obsolescence Indicator est née de 2 événements en 2024.

La mise à jour de la version du RGESN en mai 2024 qui est très agressive ou maladroite sur l’optimisation énergétique via l’utilisation de formats trop modernes sans prendre en compte l’arbitrage à faire entre l’optimisation et l’impact sur le renouvellement des terminaux. Voir l’article d’analyse critique sur le RGESN.

Mes discussions avec des développeurs du monde entier au WordCamp Turin, où les axes de discussions étaient uniquement sur l’optimisation énergétique. En France, du fait de notre mix énergétique bas, on équilibre les discussions et les actions entre l’impact énergétique et l’impact sur la fabrication.