Interview Julien Rouzé, évaluer l'impact de votre SI avec Sopht
Rédigé le 18/08/2024 par Youen Chéné
Bonjour Julien, peux-tu te présenter ?
Bonjour Youen, alors moi c’est Julien Rouzé. Je suis l’un des cofondateurs de Sopht et je suis en charge de la partie produit, méthodologie et écosystème.
Peux-tu nous en dire davantage sur Sopht, la solution et la société dans laquelle tu es associé ?
En résumé, notre solution Green ITOps a pour objectif de décarboner le système d’information des entreprises. Pour y parvenir, nous collectons d’importantes quantités de données au sein de leurs infrastructures IT. Ces données sont ensuite transformées en une empreinte environnementale complète, qui ne se limite pas au seul carbone mais englobe d’autres indicateurs.
Une fois ce profil environnemental établi, nous identifions les facteurs d’impact les plus significatifs et déterminons les leviers d’action les plus pertinents. Grâce à nos outils de simulation, nos clients peuvent se projeter et simuler différentes trajectoires de décarbonation.
Cette initiative est née de notre expérience en ESN, lors du programme Startup Catalyst. Nous avons constaté que le Green IT était devenu une priorité pour de nombreux DSI, mais que ceux-ci manquaient souvent de compétences internes, de méthodologie et d’outils adaptés. C’est pour répondre à cette problématique que nous avons lancé Sopht."
Pour les clients qui ont leur SI dans différents cloud comment passer l’obstacle que les rapports environnementaux ne sont pas comparables en termes de méthodologie, de périmètre et de résultats entre les clouds principaux ?
C’est une excellente question. Pour pallier le manque de transparence de certaines méthodologies, nous avons choisi chez Sopht de nous appuyer sur des données d’activité plus fiables : celles fournies directement par les fournisseurs de services.
Grâce à ces données, nous pouvons offrir à nos clients des rapports très détaillés (par tag, application, VM) et actualisés à J+1. Cette granularité leur permet d’identifier précisément les sources de consommation énergétique et d’agir en conséquence. Ils peuvent ainsi communiquer efficacement avec les équipes concernées par les différents projets et applications informatiques.
Et quand il y a un mix « On Premises » (l’entreprise a ses propres data-centers ou loue des baies à un hébergeur) et cloud ?
Notre méthodologie est cohérente avec les meilleures pratiques du marché. Nous procédons de la même façon qu’avec le Cloud, à savoir que nous collectons les données d’activité. Nous nous basons sur des outils d’hypervision et de monitoring pour évaluer l’impact environnemental de leurs infrastructures. De plus, nous nous appuyons sur les inventaires matériels fournis par nos clients.
En ce qui concerne le cloud, la situation est différente. Le manque d’informations détaillées sur le matériel utilisé dans les datacenters nous oblige à faire des estimations, ce qui peut induire une certaine marge d’erreur."
Quel est l’effort à faire pour une DSI pour pouvoir évaluer son Système d’Information ? Installations de sondes ? De wattmètres ?
Pour limiter l’effort de la DSI, nous mettons en œuvre une stratégie *d’intégration par API. *Cela signifie que nous allons nous connecter directement à leurs plateformes de monitoring, leurs consoles cloud et leurs outils d’inventaire pour obtenir des données granulaires et en temps réel.
En complément, nous avons développé un agent logiciel déployable sur les équipements informatiques qui nous fournit des métriques hardware détaillées (utilisation CPU, RAM, consommation électrique) en complément des données issues des API.
Quelle vont être les utilisateurs de Sopht ? FinOps, Développeurs, Architectes, RSE, Responsable SRE ?
L’émergence du numérique responsable entraîne une évolution des rôles au sein des DSI.
Nous identifions un nouveau profil central : le Green IT Manager. Ce dernier est responsable de l’empreinte environnementale du numérique au sein de l’entreprise. Il est à la fois ancré dans la DSI et constitue l’interface privilégiée avec la RSE.
Le Green IT Manager orchestre un plan d’action en mobilisant les équipes de la DSI : FinOps, DevOps, gestionnaires de production, etc. Ces équipes sont des acteurs clés dans la mise en œuvre d’actions concrètes de décarbonation.
Nous adressons ainsi un large éventail de profils, tous impliqués dans l’empreinte environnementale, sous la coordination du Green IT Manager
Est-ce qu’une équipe produit peut ajouter du « Sopht » dans son intégration continue pour comparer l’impact environnemental d’une application entre 2 versions ?
Actuellement, nous nous concentrons davantage sur la mise en œuvre pratique de nos solutions. Nous avons développé un "écoscore applicatif" qui nous permet de reconstituer, au sein de l’infrastructure, la composition détaillée d’une application telle qu’elle est perçue par les équipes métiers, notamment les équipes produits.
Cet écoscore a pour objectif de faciliter la communication entre les équipes techniques et métiers. Il fournit des indicateurs précis sur l’impact environnemental de chaque application, permettant ainsi aux équipes techniques de prendre des mesures correctives et aux équipes produits d’optimiser leurs choix technologiques.
Quels vont être les principaux gains que vont aller chercher les acheteurs de Sopht ? Des gains financiers ? Des gains environnementaux ?
Notre objectif principal est de convaincre les entreprises d’adopter notre solution pour réduire leur empreinte environnementale. Cependant, nous sommes conscients que les préoccupations budgétaires, de sécurité et de performance sont également au cœur des enjeux des DSI.
C’est pourquoi nous abordons les opérations IT sous l’angle environnemental tout en mettant en avant les bénéfices collatéraux. En effet, en optimisant l’utilisation des ressources et en remettant en question nos infrastructures, nos applications et nos politiques d’achat, nous pouvons générer des économies significatives.
Ainsi, notre solution permet non seulement de réduire l’empreinte environnementale, mais aussi d’améliorer l’efficacité et de diminuer les coûts opérationnels."
On s’est rencontré dans l’association Boavizta. Tu animes le groupe de travail « Conviction ». Peux-tu nous en dire plus sur ce chantier et sur vos derniers livrables ?
En effet, nous avons réussi à publier un livre blanc en décembre 2023. Ce document est le fruit d’une enquête menée auprès de 80 répondants et d’entretiens approfondis avec une quinzaine d’entreprises. Notre objectif était d’identifier les principales motivations, les freins et le niveau de maturité des entreprises en matière de numérique responsable, notamment en ce qui concerne l’évaluation de leur empreinte numérique.
Ce livre blanc s’adresse principalement aux personnes souhaitant initier des démarches de numérique responsable au sein de leur entreprise. Il fournit des éléments concrets pour convaincre les dirigeants.
La prochaine étape sera de publier un nouveau livre blanc d’ici la fin de l’année 2024. Cette fois-ci, nous nous intéresserons plus particulièrement aux projets déjà menés et aux retours sur investissement, qu’ils soient financiers ou environnementaux.
Enfin, on a une passion commune, le Rugby, alors plus Rugby à 15, à XIII, à 7 ou Touch Rugby ?
Les Jeux Olympiques m’ont définitivement donné goût pour le rugby à 7, mais je reste un inconditionnel du XV !
Merci Julien
Pour en savoir plus sur Sopht : Site Web de Sopht
Et sur Julien : Linkedin Julien