Le WebP : Pourquoi ne faut-il pas utiliser le WebP
Rédigé le 20/04/2023 par Noah Sturtzer
Les bonnes pratiques à appliquer sur son site web : entre éco-conception et amélioration de performances.
De retour pour le dernier volet de cette série de tutoriels sur les bonnes pratiques d’optimisation de votre site web. Dans cet article, nous allons aborder le gros questionnement de l’utilisation du WebP.
Bonne lecture !
Le WebP, un peu de théorie
Si vous comprennez ce meme, c’est que vous avez déjà dû essayer de télécharger des images sur Google Chrome ! En effet, lorsque vous téléchargez des images sur Google Chrome, le navigateur fournit souvent les fichiers en WebP, ce qui peut s’avérer ennuyant, car ce format n’est pas ouvrable ailleurs que sur un navigateur, ce qui a suscité de nombreuses blagues (peu élogieuses) de la part des utilisateurs…
Parlons un peu du format WebP, pour autre chose que la raison pour laquelle il est connu.
Le format WebP est un format d’image développé par Google en 2010. Son objectif est de réduire la taille des images autant que possible tout en maintenant une qualité d’image élevée. Il réunit les caractéristiques des deux formats, compression sans perte (comme pour le PNG) et compression avec perte (comme pour le JPEG). Le WebP offre une multitude d’utilisation pour les images statiques ou animées. Il prend également en charge de meilleures profondeurs pour les couleurs, les frames animées, la transparence, etc.
Les avantages du format WebP sont nombreux. Il permet une meilleure qualité d’image à des tailles de fichiers plus petites que JPEG et PNG, ce qui se traduit par une vitesse de chargement plus rapide pour les sites web. En outre, il prend en charge des fonctionnalités telles que la transparence, la profondeur de couleur et les animations, qui sont souvent absentes ou mal gérées dans les autres formats.
"Le format WebP présente des avantages indéniables pour l’optimisation des performances techniques et énergétiques d’un site web au niveau de l’utilisation de la bande passante… seulement… et si l’impact carbone ne se situait pas ailleurs ?
⚠️ Malheuresement, s’il était si parfait, le format WebP ne serait pas autant décrié et tout le monde l’utiliserait : son inconvénient principal est qu'il n’est pas encore compatible avec tous les navigateurs. Enfin, pour être plus exact, ce n’est pas tout à fait la faute des navigateurs, mais des constructeurs (Samsung, Apple…). Ces derniers ne vont plus mettre à jour leurs systèmes d’exploitations sur les plus anciens appareils, ce qui ne permettra pas aux navigateurs d’être à niveau et ainsi de prendre en charge le WebP. Tout cela provoque de l’obsolescence logicielle : les utilisateurs vont remettre la faute sur leur matériel et en changer à force d’accéder à de moins en moins de contenu.
Pourquoi "non" ?
Faut-il donc suivre “bêtement” les conseils de google dans ce cas précis ?
Nous aurions tendance à dire non.
Avec le WebP, vous pourrez optimiser une certaine partie de la bande passante, mais en rendant obsolète beaucoup de matériel. Ce qui représente (à la production et à l’”après-vie”) la part la plus grosse de l’impact carbone du numérique aujourd’hui.
Une des solutions que nous avons identifiées serait d’installer un JS pour faire le switch entre une image WebP et une image d’un autre format lorsque l’utilisateur n’a pas un navigateur compatible, le souci rencontré, c’est que cela rend le site plus lourd, pour qu’au final, la part de bande passante économisée avec l’optimisation en WebP et celle avec le Switch revienne très sûrement au même.
Lorsque l’on s’intéresse au sujet du numérique responsable, on regarde tous les impacts de la tech, et on prend une décision en fonction de toutes les conséquences identifiée. En l’occurrence, l’utilisation du WebP provoquerait plus de dégâts côté obsolescence logicielle qu’elle n’en économiserait côté utilisation de bande passante sur les sites web.
Avant la décarbonation d’un site, nous pouvons constater sur les outils d’analyse Google qu’il recommande l’usage du WebP pour toutes les images en jpg ou png. Mais une fois que les optimisations nécessaires sont effectuée (conversion, redimensionnement, compressions), comme en convertissant les images jpg en png par exemple, Google n’indique plus de mettre les images en WebP, comme quoi, ce n’est pas forcément indispensable.
Au final, entre supprimer du gaspi de bande passante ou provoquer de l’obsolescence logiciel, le choix le mieux pour l’environnement est de réduire le renouvellement de matériel, de rendre les applications et sites web toujours plus accessibles aux vieux terminaux et aux faibles connexions, ce qui n’incitera pas les utilisateurs à changer leur matériel.
En conclusion
Pour rappel (si vous n’avez pas lu nos deux précédents articles sur le choix de formats des images fixes et des images animées)
✅ Pour les images fixes : on peut suivre les conseils de Google en utilisant au maximum du format JPEG, et si besoin de transparence ou de schémas complexes, alors utiliser du PNG, tout en comparant la taille des fichiers dans un format puis dans l’autre.
✅ Pour les vidéos ou images animées, le format MP4 est le plus recommandé. Devant WebM.
❌ Le WebP ? Pas tout de suite… D’abord les constructeurs doivent prendre conscience de leur responsabilité dans l’obsolescence logicielle provoquée par leurs décisions.
En attendant, si vous ne voulez pas vous lancer seul dans cette démarche d’optimisation, on peut vous accompagner du diagnostic gratuit de votre site web à la réalisation de toutes les optimisations possibles.