Interview de l'équipe derrière Rouen.fr : Nous avons conçu un site pour les usagers.
Rédigé le 01/11/2021 par Youen Chéné Eva Giffard
Quelle est l’équipe du site de mairie de plus de 100.000 habitants le plus écologique?
Le site de la mairie de Rouen, rouen.fr, est sortie premier du classement des mairies. Voici l’interview des trois membres l’équipe de communication de la mairie de rouen : Luis, Frédéric et David.
Interview
- Est-ce que vous pouvez vous présenter rapidement à nos lecteurs ?
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Luis, coordinateur web et vidéo. Responsable du web design de rouen.fr et des sites satellites.
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Frédéric, je m’occupe du design de rouen.fr, de l’intégration et des solutions techniques.
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David, web master éditorial et community manager. Je gère l’intégralité du contenu de rouen.fr, les réseaux sociaux et la partie « front office » de notre plateforme de démarche en ligne.
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- C’est toi qui vas être en relation avec tous les services pour le contenu ?
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(David) Exactement.
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- Rouen.fr c’est quoi ? Nombre de visiteurs ? Proportion de mobile ?
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(Frédéric) J’ai regardé les dernières statistiques, on est sur du deux tiers mobile et un tiers de desktop (ordinateurs de bureau), sachant qu’on a pas mal d’usagers qui viennent de la mairie.
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(Luis) C’est une proportion en semaine mais c’est vrai que le week-end ça a plutôt tendance à augmenter en smartphone.
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(David) On a aussi une locomotive qui explique ces statistiques. C’est la publication sur les réseaux sociaux. On sait pertinemment que c’est sur les smartphones qu’on les regarde. Comme on a une régularité de publication et qu’on pousse systématiquement des contenus sur rouen.fr.
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- Vous pouvez partager des statistiques de visites ?
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(Frédéric) Sur le dernier mois, on est à peu près à 8000-9000 de moyenne de visites par jour. Ce qui a augmenté comparé aux dernières années.
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(David) A l’époque, 8000-9000 visites par jour, c’était quand il y avait des gros pics d’actualités.
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- Vous avez la localisation ou pas ? Ce sont des gens locaux ou ce sont aussi des touristes ?
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(Frédéric) C’est principalement local.
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(David) C’est lié à la ligne éditoriale de rouen.fr. On a une offre de services pour les internautes, pour les usagers sur tout le volet «démarches» et toutes les prestations que la ville de Rouen peut proposer. On a aussi une volonté d’avoir un portail d’actualités et d’agendas qui est alimenté au quotidien avec une rédaction. L’idée, c’est de montrer l’activité de la ville et on est tourné vers l’extérieur, on a une volonté de montrer la richesse du territoire à travers ça.
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- C’est combien de serveurs actuellement ?
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(Frédéric) Historiquement, on avait un seul serveur pour faire rouen.fr et tous les autres sites. Comme le site évolue petit à petit, rouen.fr est sur une seule VM (Machine Virtuelle, Serveur Virtuelle) et tous les autres sites sont sur une autre VM. Techniquement rouen.fr tourne qu’avec un seul serveur.
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- Pas de CDN (Content Delivery Network)? De système de cache ?
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(Frédéric) Non, il n’y a pas de CDN, ni de système de cache.
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- Vous êtes premier du classement sortie la semaine dernière. Auriez-vous pensé que Rouen.fr aurait pu être devant toutes les mairies de France sur sa sobriété ? Avez-vous été surpris par rapport aux autres mairies ?
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(Luis) C’est toujours un peu surprenant. Frédéric avait déjà fait l’exercice via un autre outil. On savait qu’on était pas trop mal placé, mais de là à dire qu’on était premier, on se demandait s’il n’y avait pas une erreur.
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- Quand avez-vous commencé à éco-concevoir consciemment Rouen.fr ?
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(Frédéric) On n’a jamais vraiment fait d’éco-conception. On s’est toujours attelé à appliquer des bonnes pratiques, des pratiques de performances web (vitesse de chargement, etc.), des pratiques en termes d’accessibilités (privilégier le contenu texte pur, enlever les PDF).
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(Frédéric) Le fait qu’on soit à trois, ça nous permet d’avoir un peu plus de poids pour dire « non il faut faire comme ça parce que justement c’est meilleur pour les usagers ». Un exemple, c’est le respect des usagers qui fait que l’on n’a pas vraiment souffert quand le RGPD est arrivé. On a toujours fait en sorte de récupérer le moins d’informations possible sur les personnes qui visitaient le site.
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- Quelles ont été les motivations pour appliquer les bonnes pratiques ?
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(Luis) Les bonnes pratiques ont été mise sur la table sans vraiment avoir la notion d’éco-conception en tête au moment de la mise en ligne de la nouvelle version (2016). C’est Frédéric qui a poussé sur le fait d’avoir un site le plus léger possible pour pouvoir être consulté sur le smartphone même avec une connexion qui peut être dégradée à certains moments.
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(David) Ça s’est traduit par la partie « services et démarches » qu’on a volontairement non illustrée. Il y a très peu de pages qui ont des photos. Il y a une rigueur sur le poids de la photo, le fait qu’elle soit le plus léger possible tout en évitant qu’elle soit trop abimée, trop pixélisée. Il faut trouver l’équilibre. De même pour l’agenda en ligne, on a fait le choix de ne pas l’illustrer.
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- On a parlé de contraintes sur les photos, quand on est graphiste d’origine, comment on s’exprime ?
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(Luis) Quand on est graphiste, c’est très tentant de vouloir mettre beaucoup, faire du joli, mettre des couleurs, surtout quand on vient d’une formation print. C’était ça l’exercice, d’utiliser le design qu’au service du contenu. C’est pour ça que rouen.fr est hyper sobre en termes de graphisme et de design.
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(Luis) Quand la nouvelle version est sortie et je me souviens qu’on avait eu des remarques disant que le web design n’était pas très riche. Mais on fait le choix inverse, qu’est-ce qui est le plus important sur un site ? Surtout sur un site de collectivité, c’est avant tout le contenu. Pourquoi rajouter des éléments qui viennent troubler la lecture ? Des éléments qui empêchent d’aller sur l’information le plus rapidement possible ? On a vraiment fonctionné sur un site qui a trois portails : l’institutionnel, l’agenda puis la partie démarche. On a un code couleur qui fonctionne par grande partie et il est décliné sur l’ensemble des contenus. C’est le principe fort du site.
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(Luis) Depuis que le site est sorti, on a eu la joie de découvrir que certaines collectivités s’étaient inspirées de nous, et ont choisi d’organiser leur site de la même manière, avec les mêmes couleurs.
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(David) La construction des contenus est faite au regard des usages, le premier de réflexe est de sortir son smartphone. La majeure partie de nos internautes cliquent sur une page parce qu’ils ont effectué une recherche Google, ils consultent le contenu et après ils s’en vont. L’objectif, ce n’est pas que les internautes viennent sur rouen.fr, découvrent des choses et partent. C’est « je cherche une information, si rouen.fr peut y répondre, on fait en sorte que le contenu soit correctement fait et le mieux référencé possible ». On est souvent dans les premiers résultats de recherches.
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- Vous avez eu une progression depuis 2016 en termes de trafic organique par les recherches ou en termes de référencement ?
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(David) Je n’ai pas poussé plus loin l’analyse, mais je pense que si on gravit des paliers de visites, selon moi c’est lié à ça.
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- Partagez-vous ces pratiques avec les autres mairies ? Est-ce qu’il y a une communauté de web master numérique ?
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(David) Non, pas exactement. On a des contacts divers tous les trois en fonction de nos sujets. Mais il n’y a pas de fédération de webmaster. Après ça peut être ponctuel lors de certaines manifestations.
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- Comment avez-vous convaincu votre hiérarchie ? Vos élus ?
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(David) Facilement. On n’a pas eu de frein particulier, ni de remarque sur le fait qu’on avait un web design très simple. A l’époque, on était encore sur une dynamique où l’on faisait une refonde du site tous les deux, trois ans à peu près.
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(Luis) On nous a fait confiance, on a fait confiance à notre expertise puis on nous a laissé proposer. Plutôt que de tout balayer et tout refaire, on préfère améliorer les points qui nous semblent important d’être améliorés. C’est pour ça que le site de 2016 est encore là aujourd’hui, on l’a fait évoluer et il fonctionne encore aujourd’hui.
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- Un conseil pour tous ceux qui dans leur équipe (mairie, organisme public ou privé) voudraient commencer à aller vers un site plus sobre et plus rapide pour leurs utilisateurs ?
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(David) Toiletter leur contenu. Il faut vérifier les images pour qu’elles soient le moins lourdes possible. Il faut éviter de recourir à la facilité de dire « j’ai fait un document print, je vais le mettre sur le site et ça fera le job ». Il faut éviter de recourir, à des vidéos. Éviter de recourir à tous les plugins/widgets des réseaux sociaux. Ne pas héberger les contenus vidéos sur le site. Il faut aller à l’essence même de l’information. Je pense qu’aujourd’hui un internaute sera content si on lui sort une bonne information plutôt qu’une belle image. Il faut trouver l’équilibre.
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(Frédéric) Le fait que l’on soit tous les trois avec des fonctions bien définies et géographiquement très proche, ça permet de discuter, d’échanger et de faire au mieux. Par exemple, réussir à faire un site sans bannière qui nous demande d’accepter ou de refuser les cookies. Quand on met une vidéo YouTube sur une page, elle n’est pas embarquée par défaut. Ce qui fait qu’on respecte parfaitement le fait qu’on demande ou pas le consentement à l’usager, et c’est seulement s’il clique dessus qu’il aura un message en lui disant qu’il sera redirigé sur une autre page et qu’il y aura des cookies. C’est plus rapide pour l’usager.
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(Luis) Il faut avancer des arguments concrets, avec un tel classement, on peut montrer qu’on peut faire du sobre. Il faut aller batailler, ne pas hésiter à argumenter. Ça finit toujours par payer, ça vaut le coût de le faire. Au niveau du web design, il faut vraiment se placer par rapport à l’utilisateur (RGPD), à son attente. Il ne faut pas se dire qu’on est là pour faire du joli, du très beau, on est là pour faire du fonctionnel et donner accès à l’information le plus rapidement possible.
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Propos recueillis par Eva Giffard et Youen Chéné